Auzac

Jeudi 10 juillet 2014, par SC dans rubrique Saint François

De l’eau et du vin

Auzac tiendrait sont nom de l’eau qui y coule depuis la nuit des temps. Le suffixe « ac » identifie un lieu situé à la campagne (réduction du latin –acum, issu du gaulois –acos, « domaine rural de ») et le préfixe « auz » issu de la racine indo-européenne « wod » qui donnera « voda » en slave, « aqua » en latin, « water » en anglais, « wasser » en allemand, « eau » en français, etc. La présence d’eau sous forme de sources (dont certaines ne tarissent jamais, même en cas de forte sécheresse) dans un pays au sol calcaire (ne retenant pas l’eau), a toujours été un bien précieux pour l’homme, des origines, à nos jours.

Au moyen-âge et juqu’au XIXème siècle, les coteaux de la vallée étaient couverts de vignes et les moines de Rocamadour, disait-on, n’acceptaient à leur table que le vin d’Auzac.

Auciago - Auxiago – Ausciaco - Auzac, au fil des siècles…

ACN Des traces de vie ont été découvertes dans la basse vallée à l’intérieur de grottes préhistoriques. A l’époque gauloise, le village accueille une « villa » située sur une de ses collines.

PCN La présence d’un petit aqueduc souterrain confirme une activité humaine à l’entrée de la vallée dans laquelle ont été trouvé des traces de bas fourneaux ainsi que des vestiges de « tegula » romaines.

650 Première traces écrites du village d’Auzac dans le testament de Saint Didier (alias Géry), évêque de Cahors. Didier désire léguer à l’Eglise de Cahors ses biens personnels : terres en Albigeois et une trentaine de villages en Quercy, dont Auciago qui deviendra Auxiago, Ausciaco puis Auzac.
Ces villages, Didier les a reçus personnellement, pour services rendus, du roi mérovingien Dagobert Ier, dont il a été le chef de chancellerie (ministre des finances) avant d’être acclamé évêque par la population de Cahors et pour succéder à son frère Rusticus assassiné en 630.

1143 Le Vigan : En l’abbaye se déroule la visite de l’archevêque de Bourges, Pierre de la Chastre, qui confirme l’appartenance d’Auzac à l’abbaye du Vigan.

1153 Confirmation de l’appartenance d’Auzac à l’abbaye du Vigan par le Pape Anastase IV. Dans cet acte, Saint Projet et Auzac sont séparés.

1405 La paroisse d’Auzac est désertée.

1488 Le Chevalier Galiot de Genouillac, gentilhomme Quercynois et futur Grand Maître de l’Artillerie de François Ier, apparaît comme seigneur de Brussac, Saint Projet et Auzac.

1693 Les habitants d’Auzac écrivent une missive à leur évêque pour réclamer que leur curé prenne résidence en leur village.

1803 Après la révolution, la paroisse d’Auzac est rétablie avec un curé.

1880 Auzac compte 43 habitants et sa paroisse, composée d’une douzaine d’écarts, 360.

1908 Au début du XXème siècle et suite à la crise du phylloxéra, la paroisse d’Auzac ne compte plus que 175 âmes.

1920 Après la Grande Guerre, Auzac comprend dix feux (familles) et la paroisse reprend le nom de trente six familles réparties sur onze hameaux. La paroisse est, à nouveau, rattachée à Saint Projet.

1968 L’église d’Auzac célèbre son dernier baptême. On y marrie et enterre toujours les paroissiens.

Aujourd’hui alors que le village allait perdre ses derniers occupants, il y a cinquante ans, Auzac est aujourd’hui un paisible village qui abrite une dizaine de familles (habitants, résidents ou vacanciers) de nationalités diverses (Française, Hollandaise, Anglaise et Belge).

Deux à trois fois par an, la petite nef de l’église déborde encore de fidèles, tandis que les voûtes millénaires s’emplissent de chants mélodieux, lors de célébrations humbles et ferventes.

Bienvenue dans ce petit joyau de l’art préroman.

L’église d’Auzac, édifiée entre le Xème et le XIème siècle, a su garder la fraîcheur et la simplicité de ses origines malgré les nombreux remaniements et transformations qu’elle a subits au cours des siècles.

Le plan originel ne comporte pas d’absides ni de nefs latérales. Le chœur dit « en cul de four » fait suite à un vaisseau rectangulaire de petite dimension. La voûte étoilée, dans les tons « bleu du causse » a été peinte au XIXème sur des fresques du XVIIème, elles-mêmes sans doute apposées sur des fresques du XIVème. Il faut noter que la chapelle latérale à droite, dite chapelle de la Vierge, a été érigée au XIXème siècle seulement, tout comme la sacristie, donnant à la droite du chœur.

Dans le chœur, à gauche du très bel autel monolithique, on remarquera une paire d’armoires établies dans l’épaisseur du mur et de style wisigothique, dont les arcs sont outrepassés, tandis qu’à droite, ne subsistent que les traces de leurs pendants.
Entre nef et abside s’élève un mur sur lequel se dresse un arc triomphal. La séparation entre les deux éléments de l’église est bien marquée par l’avancée importante de piédroits et par les degrés qui rehaussent le sanctuaire.

On remarquera, enchâssée dans le côté droit de l’autel de pierre, une curieuse et énigmatique « piscine ». Ce bloc, taillé dans une pierre non calcaire devait recevoir les eaux bénites ou consacrées et non utilisées (à moins qu’il ne s’agisse de vestiges d’un ancien autel païen ou d’une fontaine dont l’eau aurait des vertus thérapeutiques ?)

Tout aussi remarquable est l’inclinaison des deux piliers supportant l’arc triomphal. Il ne s’agit pas là d’un effet d’optique, ni d’une modification de degré de construction consécutive à l’usure du temps, mais bel et bien de la volonté des bâtisseurs de donner cette inclinaison particulière aux deux piliers qui, de surcroît, amorcent une légère vrille en montant vers leur sommet (se positionner face au pilier gauche, dans le fonds de l’église, pour apprécier cet effet). L’effet souhaité est obtenu : attirer l’œil vers la voute et, par là, l’âme vers le ciel.

Sur le mur nord, la Porte des Morts, appelée ainsi parce que débouchant directement sur le cimetière primitif, a été murée et abrite, à l’intérieur, une petite niche baptismale qui se situe à gauche de la nef, sous l’escalier qui monte au jubé. A droite de l’entrée, le petit bénitier en pierre de Gourdon est, lui, d’époque moyenâgeuse.

Dans la chapelle de la Vierge, a été déposé l’autel baroque du XVIIème siècle, typique de la région. Avant sa récente restauration, cet autel venait enchâsser l’autel primitif en pierre et était surmonté de la grande peinture représentant Saint Hilaire, Patron de la paroisse, au pied de la Croix (au milieu de la nef sur la gauche). Dans cette chapelle, un très beau portrait de la Vierge en gloire, ainsi qu’une porte ouvragée, seule vestige du confessionnal. Enfin, sur le coin, la chaire de vérité de très belle facture classique, en noyer du pays.

A l’extérieur, on notera que l’édifice a été mainte fois remanié : traces de plusieurs appareillages dans la construction du chœur, fenêtres du chœur percées ou agrandies (trace de graffitis), entrée principale sous un arc de style gothique, etc. Le fronton extérieur (à l‘origine, peut-être à peigne) porte les traces de plusieurs restaurations et rabaissements. Au dessus de la porte à croisée d’ogives subsiste l’empreinte d’armoiries de grandes dimensions et non identifiées.

Pour visiter cet édifice, veuillez prendre rendez-vous au 05 65 37 93 75.

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