St Joseph : au service de l’unique Christ

Vendredi 20 mars 2015, par SC dans rubrique Enseignements

Chaque saint a une manière particulière de répondre à l’appel de Dieu. C’est un peu son secret. Et ce secret, c’est ce qui nous rapproche de telle ou telle figure qui nous parle, qui est comme un modèle de ce que j’aimerai devenir, j’aimerai accomplir, malgré mes limites.

Car chaque saint a incarné un aspect particulier du visage de Jésus, l’unique Christ ; incarné une phrase particulière de l’Evangile qui va éclairer a postériori toute sa vie. Et c’est important d’avoir tous ces modèles afin de nous guider sur les chemins de notre vie et pour stimuler notre marche vers le bonheur… passer des béatitudes à la Béatitude !

Ainsi, par exemple, mon St patron –St François d’Assises- a été touché par cette Béatitude : « heureux les pauvres de cœur » ou St Vincent de Paul –un des saints que j’affectionne- a-t-il offert toute sa vie pour se consacrer à ceux qui souffrent, image du Christ, serviteur souffrant. « Un de plus » a dit dans son dernier souffle…
Alors, qu’en est-il pour St Joseph ?
  Pourquoi prendre comme sujet de Carême ce saint plutôt qu’un autre ?
  Pourquoi le considère-t-on comme le saint patron de toutes les causes ?
  Ou plus exactement, pourquoi serait-il, plus qu’un autre, le serviteur par excellence de Celui qui a pris sur lui toute la Création, toutes nos joies et peines : l’Unique Christ, le seul Sauveur.

Le culte de Saint Joseph est pourtant tardif et beaucoup moins développé que son épouse, la Vierge Marie. La 1ère année de notre paroisse Notre dame des Neiges, on aurait pu s’attendre à un sujet comme « Marie, la servante de l’unique Christ ». Mais non, aujourd’hui, 19 mars, l’Esprit Saint nous invite à méditer sur la figure de Joseph, serviteur de l’unique Christ.

Alors, je me lance, et je vais essayer de vous faire entrer dans le mystère de Joseph : entrer dans le mystère d’une personne est déjà un défi. Alors Joseph…

L’Eglise considère saint Joseph comme le saint le éminent après la Vierge Marie. C’est saint Bernard au 12ème S, qui est celui qui a vraiment donné une impulsion décisive au culte de St Joseph. St Bernard, a qui on doit cette magnifique prière du « souvenez-vous », a développé la 1ère grande théologie mariale, mais en y incluant tellement St Joseph que le pape Sixte IV, en 1481, établie d’abord pour la France en tant que fille aînée de l’Eglise, le 1er culte officiel de ce saint.

Puis, il faut attendre le 17ème Siècle, grand siècle de vénération de st Joseph, pour avoir les deux fêtes que nous connaissons (aujourd’hui, le 19 mars et le 1er mai). Avec des grandes figures qui ont développé ce culte :
  En France avec le cardinal de Berulle et Monsieur Olier ;
  En Espagne avec Thérèse d’Avila qui a développé le culte de St Joseph à ses filles et donc à toute l’Espagne. Elle disait « je choisis le glorieux saint Joseph pour mon patron et recommande à lui toutes choses. Je ne me souviens pas d’avoir jamais rien demandé à Dieu par son intercession que je ne l’aie obtenu. Son crédit auprès de Dieu est d’une merveilleuse efficacité pour tous ceux qui s’adressent à lui avec confiance ».

Le 7 juin 1660 a lieu la 1ère apparition (et la seule reconnue officiellement par l’Eglise) à Cotignac -cocorico- en France (toujours fille aînée de l’Eglise !), à part la 6ème apparition de Fatima (où Marie apparaît accompagnée de Joseph et de l’enfant Jésus. Mais à Cotignac, Joseph apparaît seul… et sans parole prononcée, à l’image des Evangiles où Joseph est le grand silencieux.

Aucune parole posée dans l’Evangile. Car son langage, c’est le silence, c’est l’obéissance généreuse qui lui est demandée. Même si c’est un artisan modeste, ce qui a valut à Jésus d’être appelé « le Fils du Charpentier », ce serait une grave erreur de réduire cette immense figure à cette dimension.

St Joseph est devenu tellement important que le pape saint Jean XXIII a instauré dans la prière eucharistique 1, le nom de « St Joseph » et le pape François a demandé à tous les prêtres de mettre St Joseph dans toutes les prières eucharistiques : on essaie de ne pas l’oublier avec Jean-Pierre !

D’ailleurs le pape François a commencé son pontificat par deux choses : demander de prier pour lui et confier son service à St Joseph.
Voilà ce qu’il écrivait dans sa 1ère homélie : « nous nous reconnaissons bien dans le mot de l’AT où le pharaon égyptien disait quand on lui présentait les nécessités du peuple « Allez voir Joseph, adressez-vous à lui, il règlera la question. Le secret de saint Joseph, c’est le service. (Le service de l’unique Christ). Bien sûr, Joseph n’est pas à nos ordres ! Il n’est pas comme un domestique qui doit faire tout ce qu’on lui demande. Saint Joseph tient, à notre égard, le rôle qu’il a tenu auprès de Marie et de Jésus. Il se met au service du projet de Dieu pour Marie, son épouse, et pour Jésus, le Fils de Marie, en accueillant Marie chez lui et en donnant son nom à Jésus.
St Joseph se met au service du projet de Dieu et nous aide à pouvoir le réaliser en ce qui nous concerne ». Et le 1er projet de Dieu, c’est que nous allions au Paradis, d’où le fait que son premier titre fut celui de st Patron de la bonne mort… St Joseph est donc celui qui est au service de l’unique Christ, comme Marie est la servante du Seigneur.

Mais il y a eu beaucoup de titres par la suite : Joseph, le Juste, fils de David, lumière des patriarches, Celui qui a cru, Joseph saint patron des pères, un père dans une famille juive et un père dans les cieux ; l’époux de Marie, le chef de la sainte famille ; modèle des humbles, secours des pauvres, modèle de ceux qui s’abandonnent à la Providence de Dieu, gardien de Marie, de Jésus et du genre humain, patron de la vie intérieure, de la vie contemplative et de la vie cachée en Dieu, Patron des travailleurs, protecteur de l’enfance, des époux et des familles ; protecteur des vierges, des réfugiés, des mourants, saint patron de la bonne mort, de l’Eglise universelle… et je pourrais continuer cette litanie.

Nous allons voir pourquoi, mais j’aimerai juste donner une première raison –que je ne développerai pas et que je laisse à votre méditation- Joseph a épousé Marie en obéissant à la demande même de Dieu : « n’ais pas peur de prendre Marie comme épouse ». Avant ces évènements, il était déjà fiancé avec cette jeune fille. Imaginez-vous ce mystère : Marie, qui est née sans péché, qui a un cœur vierge par excellence… Marie a donné son cœur à un homme concret, Joseph, et elle l’a aimé. En étant sans péché, elle l’a aimé sans limite…
Et en se mariant, ils ne firent plus qu’un. Si bien qu’à travers cette union bénie par Dieu lui-même lors de l’apparition à Joseph, quand on honore Marie, on honore aussi Joseph ; quand on prie Joseph, on prie aussi Marie. Tous deux ne font qu’un par la Parole même de Dieu… Mais il ne suffit pas de dire cela : car cet amour est le socle, il est la base de tout ce que je vais vous partager ce soir. Cet amour humain est sanctifié par l’Amour même de Dieu, dans la bénédiction que l’Ange a donnée dans les mêmes termes que le fera le Christ une fois ressuscité (« n’ais pas peur »). En utilisant la même manière que le Christ fera après sa Résurrection, Mathieu a voulu nous dire que cette union est celle qui a permis l’Incarnation, donc la Résurrection, donc le salut du monde… Adam et Eve ne firent qu’un dans la chute et devinrent mortels… Marie et Joseph ne font plus qu’un dans le salut et devinrent immortel… et ils sont donc un pour l’éternité.
C’est tellement vrai que l’Eglise a développé la théologie de la Dormition et de l’Assomption de Marie (elle est montée directement au ciel, comme le prophète Elie) ; et j’ai rencontré de nombreux théologiens (et pas les moindre puisqu’un certain Joseph (tiens, un autre Joseph) Ratzinger en fait partie) qui ont développé l’idée que Joseph a connu lui aussi une sorte d’Assomption : l’Evangéliste l’a qualifié de « juste » et il a été justifié par Dieu, lors de l’annonce de l’Ange et dans cette union avec Marie, née sans péché…

Un peu comme une annonce de ce que chaque baptisé peut faire : celui qui ramène une brebis perdue, sauve son âme et couvre une multitude de péchés, dira St Jacques. Mais celui qui couvre une multitude de péchés sauve avec lui une multitude d’âmes. Car on ne se sauve pas seul, c’est toujours en Eglise. Et St Joseph, par sa mort et son union avec Marie, nous montre un tel chemin : il devient ainsi le saint patron de la bonne mort ; Cad celui qui aide notre âme à être ajusté au passage, qui permet aux âmes qui nous aiment et qui nous ont précédé de venir personnellement nous chercher.

Quand je prie lors des viatiques auprès des mourants, il y a toujours une place pour St Joseph, juste après l’Ave Maria, car dans l’intimité de la Sainte Famille que je convoque auprès du mourant –le Christ, Marie et Joseph, comme une Nativité pour la personne en fin de vie- dans l’ordre de l’union avec Dieu, Joseph a la plus grande des places immédiatement après la Vierge Marie… honneur aux dames !

Mais, pour ne pas rester à des simples impressions, que St Ignace appelle « les motions intérieures », comme un appel de l’ES à avancer dans la vérité, il nous faut passer par la Parole de Dieu, la plus belle des sources pour nous montrer que ce trésor développé par l’Eglise autour de St Joseph a un enracinement profond dans les Evangiles. Toujours revenir à la Parole !

Je vous distribue les seuls passages de l’Evangile où Joseph est évoqué. Vous le voyez, c’est très peu et c’est les seuls passages de toute la Bible ! Pourtant, nous pouvons tirer énormément de conclusions bénéfiques pour chacun de nous à partir de ces quelques mots. Je vais essayer humblement de vous y faire entrer.

J’ai cité « Joseph, fils de David, lumière des patriarches » : c’est un titre issu directement de l’Ecriture. Les Evangiles rappellent à plusieurs reprise que Joseph est de la lignée de David, descendant de David et qui a permis à Jésus d’être le Messie annoncé dans l’AT comme issu du roi David. C’est à ce titre que Joseph est contraint, lors du recensement ordonné par l’Empereur Auguste, d’aller s’inscrire en Judée, à Bethléem, la ville de David.
L’ange lui-même le confirme quand il s’adresse à Joseph « Joseph, fils de David, n’ais pas peur de prendre Marie pour épouse ». Car en t’unissant avec Marie, vous ne ferez plus qu’un et l’enfant sera compté comme descendant de David.

Le nom de Joseph dans St Matthieu arrive aussi au terme d’une généalogie humaine qui commence par « livre des origines de Jésus Christ, fils de David » et qui commence par Abraham, le père des croyants. Partant des Patriarches, Matthieu attache Joseph –et donc Jésus- dans l’idée de paternité et de conduite d’un peuple qui sera appelé « Eglise », d’où le nom de saint Joseph, saint patron de l’Eglise universelle.

Les Patriarches sont des chefs successifs d’une lignée unique dans laquelle est déposée l’unique foi en un Dieu unique Créateur et Sauveur, de laquelle est sorti le Messie, le Christ l’unique sauveur ! Ils ont eu la fonction de garder la foi en la Promesse, ils ont accompli les multiples services de l’œuvre de Dieu, de sauvegarder le peuple de Dieu. Leurs vertus essentielles sont la foi et l’obéissance généreuse, courageuse et dans l’abandon à l’unique volonté de Dieu, même s’ils ne comprenaient pas tout… comme Joseph quand ils retrouvent Jésus à l’âge de 12 ans…
Saint Joseph est comme la lumière des Patriarches car, la perfection de ses vertus personnelles éclaire celles des patriarches de l’AT :
  Par sa foi : Joseph est le témoin de la réalisation des promesses de Dieu (l’Incarnation) que, par la Foi, les patriarches n’avaient salué que de très loin,
  Joseph permet au Fils de Dieu de s’incarner dans une lignée où les Patriarches s’engendraient les uns les autres,
  Toute la vie de Joseph n’a été que service de la volonté de Dieu : un service bien plus supérieur à celui des patriarches car il était en première ligne contre les forces de mort qui, dès la naissance du Christ, se sont déchaînées (les saints Innocents). Et ce service, il l’a accompli en toute humilité et dans une obéissance parfaite.
  St Joseph a été dans ce sens qualifié de Patriarche : car
o Comme Abraham (le 1er de la généalogie), il a dû quitter son pays pour aller dans un pays inconnu.
o Comme Moïse, il a reçu l’ordre d’aller en Egypte pour sauver le peuple de Dieu,
o Comme Joseph (quelque part son saint patron), qui fut envoyé en Egypte dans des conditions dramatiques pour sauver sa famille de la famine quelques années plus tard… Oui, St Joseph a vraiment récapitulé et amené à sa perfection le chemin des Patriarches.

« Joseph, celui qui a cru » : autre titre qui rejoint celui de Marie. Oui, Joseph a cru que Jésus était le Fils de Dieu, engendré par l’Esprit Saint. Il n’a pas eu peur de prendre Marie comme épouse, alors que la Loi était claire : lui, le Juste, en faisant cela, se rendait impur par mensonge et omission… S’il l’a fait, c’est qu’il a cru l’Ange. Or Jésus dira : « c’est la foi qui sauve ».
Il a cru sans avoir vu : il annonce une béatitude donnée par le Christ : « heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Et grâce à cet abandon total, il va tenir dans ses bras le Verbe de Dieu, le Sauveur du monde, le 1er homme sauvé. Désormais, à travers le 1er membre de l’Humanité sauvée, Joseph tient chaque personne dans ses bras. Il est le saint Patron par excellence, en ayant accepté de devenir le serviteur de l’Unique Christ, l’unique sauveur. Et il est, avec Marie (mais ils ne font qu’un) le 1er chrétien !
Et dans ce sens, il est bien plus qu’Abraham qui est pourtant le père des croyants. En effet, Abraham a cru en Dieu et il fut considéré comme juste pour cela. L’Evangile appelle pour cette raison Joseph comme juste. Parce qu’il a cru en Dieu (c’est pour cela qu’il est juste, non uniquement par sa pratique fidèle de la Loi), il est le Juste par excellence de l’AT.

On ne connaît pas ce qui se passe dans le cœur des personnes –seul Dieu peut lire ce mystère- mais le peu que nous connaissons des personnages contemporains de l’Incarnation –le père de Jean-Baptiste et le père nourricier de Jésus- nous montre un contraste saisissant entre ces deux hommes :
  Zacharie est l’homme qui douta : il en devint muet contre sa volonté,
  Joseph cru en Dieu : et il fut le grand silencieux, mais pour laisser toute la place à la Parole Incarnée, au Verbe de Dieu. Pas un silence imposé, mais un retrait pour laisser son fils exister et prendre toute la place…

Joseph nous montre le chemin de chacune de nos âmes : le Christ doit prendre toutes les dimensions de notre personne, et Joseph nous guide sur ce chemin de dépossession. Il est le saint patron de la vie spirituelle (et donc des religieux dans le sens le plus large du terme). Nous avons là, une autre dimension de Joseph.

Saint Joseph, saint patron des pères :
Oui, Joseph est père, même si c’est une paternité partielle. Mais une paternité qui va mettre en relief le mystère de l’Incarnation, rien que ça ! Il est père adoptif, mais surtout nourricier. Modèle de l’humilité même de Dieu : en effet, le Fils de Dieu a voulu naître comme un pauvre petit enfant qui a besoin d’un père pour subvenir à ses besoins. Joseph a permis l’entrée dans l’humanité, chez lui, chez nous, de quelqu’un qui n’était pas de chez lui. Le Créateur n’était pas la créature, mais avec Joseph, le Créateur a divinisé les créatures.
Grâce à lui, Jésus va recevoir un nom humain et il va être inséré dans une histoire, dans un peuple, dans la société des hommes. Mais Joseph est aussi un père qui prend sur lui les difficultés de la paternité humaine : pas simple de faire naître à la vie d’adulte un fils… et Joseph ne déroge pas à la règle : « ton père et moi nous étions inquiets, nous te cherchons depuis trois jours ».
Oui, comme tous les vrais pères, un homme qui est capable de se lever la nuit pour son enfant : c’est dans la nuit qu’il se lève à l’annonce de l’Ange, c’est dans la nuit que né Jésus, c’est dans la nuit qu’il doit fuit en Egypte…

Mais, si aux yeux de tous, à Nazareth, il est le père de Jésus (dans Luc, une question fuse : « mais n’est-il pas le fils du charpentier ? »), il a une relation privilégié avec le Père des cieux. Parce qu’ils partagent ensemble cette fonction de paternité de Jésus. Jésus fils de Joseph, le Christ, Fils de Dieu, c’est la même personne !
Et comme Dieu le Père est le chef de la famille humaine, la figure du père en Israël du temps de Jésus est très forte. La famille est très patriarcale et c’est le mari qui est le chef dans le sens large du terme. Quand l’Ange confie Jésus à Joseph, il s’adresse à un homme qui va ensuite se marier avec Marie et devenir le responsable de l’enfant Jésus. Si le Christ est devenu juif par sa mère, il est devenu un membre de la famille humaine par Joseph. De même que le « oui » de Marie a provoqué sa maternité, le « oui » de Joseph engendre sa paternité.
Cette paternité va s’exercer dès le départ : à la naissance de Jésus, c’est lui qui trouve la crèche. C’est lui qui va être prévenu en songe afin qu’il amène sa famille en Egypte, loin du danger.
Joseph va incarner un enseignement très fort du Christ : le pouvoir n’est pas un privilège, mais un service, une charge plus qu’un honneur, dont la principale qualité est l’humilité.

Joseph nous montre le chemin : par sa seule présence, il est le gardien de la fraternité, Cad pour que chacun soit reconnu dans son autonomie et sa liberté, pour que chacun trouve de sens à sa vie dans le service désintéressé de l’autre, de tous les autres sans exception. Car sa relation de proximité exceptionnelle avec Jésus, le frère universel, nous ouvre à l’universalité de ses frères que nous sommes tous.
Aujourd’hui plus que jamais, dans un monde qui perd tous ses repères, Joseph est celui qui peut nous aider à retrouver le sens des vraies valeurs de respect, de fraternité. Il brille comme l’étoile qui a aidé les mages à trouver le Christ. Joseph comme une étoile qui nous guide vers son fils, qui aide chaque personne déboussolée à se réorienter, à trouver un sens à sa vie et surtout, à trouver sa vocation propre, unique et personnelle.

Oui, car si Joseph est le serviteur de l’unique Christ, il nous montre ce qu’est le service de l’amour : devenir le père spirituel universel. En étant le serviteur de l’unique Christ, il est le serviteur de l’unique corps du christ, Cad chaque membre de l’humanité ! Il est le saint patron de toute vie spirituelle et terrestre. Il est le serviteur de toute vocation, de chacune de nos vocation, de notre vocation personnelle et unique.

Mais pour devenir ce père spirituel universel, il a dû passer par toutes les étapes que nous avons à vivre. Lesquelles ? Là encore, il faut revenir à la Parole de Dieu afin de voir le cheminement d’une vocation, à travers celle de saint Joseph. Qui a connu, comme chacun de nous, des hésitations, des tâtonnements.

Et oui, dans une vocation, tout n’est pas tracé d’avance : et si Joseph a obéi à l’ange par trois fois (de prendre Marie chez lui, de fuir en Egypte puis de rentrer au moment opportun), il ne s’attendait pas à ce qui s’est passé quand Jésus a eu 12 ans. Et dans l’Evangile, il y a une phrase qui pourrait nous surprendre, car elle est dans la bouche de Marie, qui sait pertinemment, mieux qui quiconque, qui est son fils, d’où vient Jésus, que c’est l’Esprit qui l’a engendré. Oui, elle sait que l’enfant qu’elle a porté en elle est le fruit de l’ES et qu’il n’a pas de père naturel. Sachant cela en théorie, le quotidien use la connaissance, car chaque jour pendant 12 ans, elle s’est occupée d’un enfant normal en tout point, si bien qu’elle lâche cette phrase : « ton père et moi » (encore cette unité). Marie reconnaît la paternité de Joseph et elle ouvre à ce qu’est une vocation.

Si je vous demandais « qu’est-ce qu’une vocation ? », je suis sûr que par réflexe, on parlerait en priorité des prêtres et des religieux, et on irait sur le terrain du manque de ministres ordonnés dans nos diocèses… et ce n’est pas faux, mais c’est un plan vraiment restreint ! On parlerait aussi, à la suite de Vatican II, à la vocation au mariage. Et Dieu sait, avec tous ces divorces de nos jours, qui blessent tant et tant de couples et d’enfants, il y a une réelle vocation au mariage. Mais restreindre la vie des personnes à leur état de vie est aussi une limite à l’appel infini du Seigneur.

Alors, en contemplant la figure de Joseph, j’aimerai tenter une autre définition. Elle est ce qu’elle est, et elle demanderait à être développée, discutée et approfondie. Mais je vous la livre telle quelle : A l’école de Joseph, une vocation c’est d’être, comme Joseph, avec Marie, le père du fils, le père de Jésus, l’enfanter jour après jour. Rendre effectif la présence et la naissance de Jésus dans notre temps et notre espace, là où nous sommes appelés à vivre.

C’est un amour nuptial : Cad faire naître jour après jour à la vie, à l’épanouissement, nos frères et sœurs en humanité qui nous sont confiés, à la mesure de leur cœur et dans le respect de leur conscience, mais en laissant le Christ agir en passant par mon cœur.

Cela dépasse les états de vie : un prof qui aide un jeune à s’en sortir, c’est le Christ qui est enfanté. Une personne malade qui est visitée, c’est le Christ qui est visité. La mamie de 92 ans qui, dans cette EHPAD m’a dit à la sortie d’une messe « j’étais vraiment mal, vous m’avez fait beaucoup de bien », c’est le Christ qui, à la fois me parlait et fait du bien à cette dame… Enfanter le Christ dans le quotidien de nos vies, dans toutes les dimensions de ce que nous vivons ! En gros, la seule vocation qui transcende toutes les autres, c’est la vocation au bonheur : mon bonheur, mais surtout le bonheur pour tous !

Et cela passe par les phases entre ombre du doute, ténèbres de l’échec ponctuel, soleil du Christ qui me montre des fruits, rayon de clarté d’un sourire qui me montre que la personne avance. Oui, faire naître le Christ dans tout homme et dans toutes ses dimensions, non seulement en priant pour elle, mais aussi en ayant la foi que le Christ aura le dernier mot et en agissant pour chacun ! Comme une alliance entre le Père du Ciel et moi, au service du bien de ses enfants de la terre. Comme Joseph a vécu une alliance avec le Père du Ciel pour s’occuper de l’enfant de la promesse qu’est Jésus.

Oui, toute vocation demande une fécondité d’amour, et le Christ a résumé quelle fécondité : « j’avais faim, j’avais soif, j’étais nu, j’étais malade, en prison et c’est à moi que vous l’avez fait » ou « tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur et ton prochain comme toi-même ». Le seul fruit digne de nous, digne de notre vocation, le seul fruit que le monde attend, c’est Jésus Christ. Et Jésus qui s’incarne dans chacun de nos frères afin de le faire cheminer vers son bonheur. C’est ce qu’a fait Joseph : en le laissant s’incarner et en prenant soin de lui, il a pu s’épanouir, apprendre de son humanité, vivre la croix et donc la Résurrection.

Nous sommes comme Joseph : ne pensons pas que dans le cœur des saints, tout est transparent comme si l’ES leur téléphonait. Ne croyons pas que dans le cœur de Joseph, Dieu parle et que tout est reçu immédiatement 5 sur 5. Lui aussi, comme Marie d’ailleurs (« comment cela va-t-il se faire ? »), il y a eu des hésitations, des tâtonnements. Il avait prévu d’épouser une jeune fille. Pourtant, c’est un homme juste mais il ne comprend pas ce que Dieu veut de lui. Tous ses projets humains, quand Dieu entre dans notre vie pour nous dévoiler notre vocation, se trouvent contrariés. Et Joseph a besoin de discerner : humainement, il doit la répudier, mais dans son amour, il sait que c’est condamner à mort Marie. Et il a besoin d’un signe pour discerner. D’ailleurs, nous avons tous besoin de signes pour avancer, pour discerner : « va, prends Marie chez toi ».

Mais ça ne va pas de soi : d’où vient l’hésitation de Joseph ? En fait, il ne doute pas de Marie mais il doute de lui. Il ne sait pas s’il en est capable et il en vient à douter de lui. Qui n’a pas connu ça dans son couple : « oui, c’était bien parti, nous nous aimons. Nous avons connu ce coup de foudre au départ mais un doute s’est installé dans nos cœurs ». Alors comme Joseph, on hésite. Joseph devient le saint patron des familles, en tant que protecteur de Marie et de Jésus ; mais aussi parce que lui aussi, comme tous les couples qui veulent engager leurs vies entières, il a hésité, il a douté.

Dans ce cas là, nous avons du mal à entendre la voix de notre cœur qui ne nie pas la difficulté mais qui nous apprend que la perfection n’existe pas et qu’il faut accepter les différences de son conjoint, son chemin et sa vocation différente de la mienne.

Oui, ça ne va pas de soi de rester dans la fidélité à sa vocation. Et Joseph nous montre le chemin : écouter son cœur et être un homme d’intériorité afin d’entendre l’ange. De prendre une décision en accord avec son cœur –dans l’espérance que ce soit dans l’accord avec Dieu- et s’y tenir fidèlement quoi qu’il en coûte !

Mais pour tenir dans une vocation, il y a une autre dimension essentielle : la liberté. Car le christ est venu pour nous rendre libre et toute vocation à sa suite doit se vivre dans une liberté intérieure et extérieure. En effet, quand Joseph a accepté sa vocation de prendre soin de la sainte famille, il va recevoir un nouvel ordre, tout aussi difficile à accepter : « prends avec toi l’enfant et sa mère ». Oui, Hérode veut massacrer les Innocents. Jésus est là, et si sur la croix, Dieu n’a pas envoyé ses légions d’anges, il n’y a aucune raison pour qu’il le fasse à ce moment là.

Jésus est sur le point d’être anéanti par les forces de mort, par cette folie d’Hérode. Dieu passe comme toujours par un médiateur humain. L’ange revient et la phrase a évolué : nous sommes passés de « prends Marie chez toi » à « prends avec toi l’enfant et sa mère » (pas encore « ton enfant » : ça, c’est Marie qui le dira quand Jésus aura 12 ans). Comme quoi, il y a du chemin à faire et Joseph n’a pas tout reçu d’un coup. Ou plus exactement : il a tout reçu d’un coup (le Christ) mais il faut beaucoup de temps pour qu’une vocation naisse, grandisse et s’épanouisse… à l’image du baptême.

Joseph part donc en Egypte et, à la fin de la persécution, il lui demande de revenir chez lui. C’est important de noter ce qui se passe ici, humainement, pour Joseph. Il vient de discerner (il a pris Marie pour épouse), il a surmonté ses hésitations (il a trouvé la crèche de Noël et a inscrit Jésus sur le recensement, papier officiel d’état civil), il est revenu dans son cœur pour entendre l’ange lui confirmer sa vocation.
Et maintenant que cette nouvelle réalité vient de s’accomplir, il entend « quitte ton pays, tes sécurités pas encore totalement établies. Oublie une fois de plus tes projets et bien plus : toute ta vie que tu as connu depuis ta naissance ». Vous vous rendez compte de ce que l’ange lui demande ? De tout abandonner, tout quitter, à l’image de ce que Jésus demandera à ses disciples.

Face à une vocation, nous pouvons nous écraser sur un manque de liberté : et une liberté très incarnée, légitime même. Je veux dire une liberté incarnée dans la DISPONIBILITE. Joseph est un artisan, et comme tout artisan, il vit de sa clientèle qu’il s’est constitué depuis des années. Il a pris le temps de fidéliser des clients, de tisser du lien. S’il change de lieu, il perd son métier. Il doit refaire ses preuves. Or, Joseph est un homme mûr, proche de la retraite dirions-nous aujourd’hui. Pas facile de tout recommencer.

Pourtant les mots de Dieu sont là : « quitte tout, va en Egypte ». Alors, comme il y a danger, il quitte tout. Vous me direz que ce fut facilité pour défendre sa famille. Joseph, saint patron des réfugiés, des immigrés, des apatrides… Mais en Egypte, il va recommencer à travailler, à se créer une clientèle. Et quand Dieu lui demande de revenir, il n’a aucune raison de le faire car ça devait marcher son commerce. Et il n’y a aucune peur, aucun risque de persécution qui pourrait le motiver à repartir de nouveau pour tout recommencer chez lui. Pourtant, il le fait sans hésiter !

Alors qu’il n’a aucune preuve que ça va bien se passer en Israël. Il n’a que la promesse de l’ange. Ca montre bien que ce n’est pas d’abord la peur qui l’a motivé, mais l’obéissance, la disponibilité, la liberté intérieure (dire oui à Dieu « pas comme je le veux mais comme tu le veux ») et extérieure (ne pas être coincé par ses occupations, sa vie : « vends tout et suis moi » ou « je te réclame ta vie ce soir, pourquoi fais-tu ces greniers »).

Ce manque de liberté est terrible pour beaucoup de vocations : Jean-Pierre a mis 40 ans pour dire oui, moi 20 ans… Car nous savons ce que nous avons et nous craignons tous de le perdre ! La confiance en la Providence est difficile dans un monde marqué par le pragmatisme et le matérialisme. Joseph est appelé, non à revenir en arrière, mais à vivre un retour aux sources, un retour à la source, à retrouver et se réconcilier avec toute son histoire, agressée par les forces de mort, mais transfigurée par les forces de vie qui ont eu le dernier mot. Hérode est mort et Jésus a grandi ! Et ça a permis à Dieu de valider sa disponibilité, sa souplesse, sa liberté ! Joseph peut alors s’effacer pour laisser la place à Jésus !

Tenir la durée sur notre vocation unique qui est de faire naître le Christ là où nous sommes, auprès de ceux qui me sont confiés, à la manière particulière qui me correspond, voilà le message de la vocation universelle de Joseph : je suis unique, j’ai donc une vocation unique ; comme Joseph reçut la vocation unique de veiller sur l’unique Christ ! Quand Jean-Pierre demande des veilleurs, c’est de cela dont il s’agit.
Oui, veiller ! Car là aussi, c’est une des immenses particularités de Joseph qu’in nous faut déployer maintenant : Joseph est gardien de Jésus comme nous sommes appelés à le devenir pour nos frères : « suis-je le gardien de mon frère ? » : avec le Christ et par Joseph, la réponse est oui ! Et sa vocation de veilleur universel fait de lui le saint patron de toutes les causes !

Oui, essentiellement –car tout découle de ça-, Joseph est le gardien de l’unique Christ ! Le Christ « qui par lui tout a été fait » : il devient ainsi le gardien universel –le saint patron- de toute la création, de l’humanité, des familles, des religieux (mais nous l’avons déjà évoqué !), de l’Eglise, de la naissance au ciel, la nouvelle création !
Pas gardien de foot (quoique je devrai le proposer comme saint patron des foorballeurs !), mais gardien du Christ, donc : de l’enfance, Cad de l’enracinement de la divinité dans notre humanité. Marie est le sanctuaire de l’œuvre de l’ES sur terre, mais elle-même est confiée à Joseph. Joseph est celui qui enracine Dieu fait-homme sur terre, il est gardien de son enfance et adolescence, Cad toutes les bases humaines, religieuses, culturelles, du langage de Jésus vient de Joseph. C’est si vrai que quand Jésus commencera sa mission lors du mariage à Cana, Joseph aura disparu, mais a-t-il terminé sa mission ? Difficile de le dire, tant il faut une vie pour naître à son humanité !

Mais nous avons un signe : la tâche de Joseph devait accompagner Jésus durant toute sa vie, par d’autres personnes. A la croix, c’est très étonnant de noter qu’un autre Joseph est présent pour prendre soin de Jésus lors de sa naissance au ciel : saint Joseph prend soin de l’enfant Jésus, Joseph d’Arimathie qui veille sur le corps sans vie du Christ. Ce n’est sûrement pas un hasard et il y aurait à méditer… En effet, c’est Joseph qui, de toute éternité doit garder le corps du Christ, Cad l’Eglise : cela explique que Joseph soit proclamé le 8 décembre 1870 Patron de l’Eglise Universelle et de la bonne mort.

Saint patron de la bonne mort : cette bonne mort qui nous conduit au Salut par l’unique Christ. Le samedi saint unit l’œuvre de Joseph : notre Joseph a précédé son fils dans la mort, sûrement pour être chargé d’aller annoncer aux justes des anciens temps, attendant au Shéol, que le Paradis allait bientôt s’ouvrir, alors que Joseph d’Arimathie continuait la mission de Joseph sur terre afin de veiller sur Jésus, juste avant qu’il descende aux Enfers, chercher ces mêmes justes, à commencer par Joseph. Joseph devient ainsi, quelque part, le saint patron des âmes du Purgatoire !
Et le gardien de la mort, Cad du passage réussit dans ce que Ste Thérèse disait « je ne meurs pas, j’entre dans la vie ». Oui, Joseph nous guide depuis que nous sommes enfants vers le chemin du Ciel, du 1er jour sur terre jusqu’à notre naissance au ciel !
Joseph, gardien de l’Eglise universelle, également : quand Léon 13 a donné officiellement ce titre à saint Joseph, voilà ce qu’il écrivait pour justifier ce choix, dans l’encyclique Quanquam Pluries : « la maison de la sainte famille contenait les prémices de l’Eglise naissante. De même que la très sainte Vierge est la Mère de Jésus Christ, elle est la Mère de tous les chrétiens. Jésus Christ est aussi comme le premier-né des chrétiens, qui, par l’adoption et la rédemption, sont ses frères. Telles sont les raisons pour lesquelles le bienheureux Joseph se voit confiée la multitude des chrétiens qui compose l’Eglise, sur laquelle, parce qu’il est l’époux de Marie et le père de Jésus-Christ, il possède une autorité paternelle.

Cette mission providentielle dévolue à Joseph, a eu son type dans l’AT en un autre Joseph, fils de Jacob (dans le livre de la Genèse), qui a été appelé par le roi des Egyptiens « le Sauveur du monde ». De même que le premier fit réussir et prospérer les intérêts de son maître, sauva sa propre famille de la famine et rendit de merveilleux services à tout le royaume, de même le second, saint Joseph, est destiné à être le gardien de la religion chrétienne. Il doit donc être regardé comme le protecteur et le défenseur de l’Eglise, qui est vraiment la maison du Seigneur et le Royaume de Dieu sur Terre ».

Plus largement, à travers son rôle de gardien de la Sainte Famille : il est le gardien de toute la famille humaine, le gardien de chaque famille, de tout le genre humaine. Léon 13 le confirme en écrivant : « le patronage de saint Joseph étant universel, les hommes de toutes conditions et de tous pays trouveront en ce grand saint un modèle et un protecteur. Il est ainsi le saint patron des pères de familles, des époux, des personnages nobles de naissance, des riches, des prolétaires, des ouvriers, des personnes de condition médiocre, des pauvres en général ».
Ainsi, face aux multiples difficultés de la vie, prions et invoquons St Joseph : dans les couples, face aux disputes, aux séparations, contre les maladies, l’exclusion, les deuils, les échecs, la désespérance, mais aussi les projets, les désirs de faire quelque chose de beau de sa vie !

Depuis son oui à l’ange, Joseph vit sa vocation de gardien de l’Eglise et du monde en ayant toujours été disponible au projet de Dieu. St Joseph, si Jean-Pierre est d’accord, peut être le saint patron des veilleurs de la paroisse Notre Dame des Neiges !

Dieu ne désire pas une maison construite par l’homme –même s’il est passé par une famille concrète- mais il demande la fidélité à sa Parole et à son dessein d’amour pour tous. C’est Dieu lui-même qui construit la maison, mais une maison Eglise faite de pierres vivantes marquées par son Esprit.

Joseph est gardien, il est veilleur parce qu’il sait écouter Dieu, se laisser guide par sa volonté. C’est pour cela qu’il est encore plus sensible aux personnes qui lui sont confiées –d’abord Marie et Jésus- mais toute personne humaine, car son fils est mort pour chacun de nous ! Il sait lire avec réalisme les évènements, il est attentif à ce qui l’entoure, il sait prendre les décisions les plus sage pour sa famille, et donc pour chaque membre de la famille humaine à laquelle il appartient. Avec Joseph, nous voyons le centre de la vocation chrétienne : à l’école de Joseph, mettre le Christ au centre : le garder dans notre vie, pour garder les autres, pour garder toute la création !
Car en tant que gardien de l’unique Christ –par qui tout a été fait-, Joseph est finalement le gardien de toute la Création : l’Eglise est catholique, Cad universelle ! Comme gardien de l’Eglise, Joseph devient le gardien universel –et nous, à travers lui :
Garder la création, c’est :
  Le fait d’avoir du respect et de fraternité pour chaque créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons,
  C’est le fait de garder les personnes, d’avoir soin de tous, de chaque personne avec amour, spécialement les jeunes, les personnes âgées, malades, celles qui sont les plus fragiles et qui sont trop souvent dans la périphérie de nos cœurs.
  C’est avoir soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent mutuellement, puis comme parents, ils prennent soin de leurs enfants. Et avec le temps, les enfants prennent soin de leurs parents qui ont vieilli et ont perdu leur autonomie.
  C’est le fait de vivre avec sincérité les amitiés, qui sont des gardes réciproques dans la confiance, le respect et le bien de chacun.
Au fond, tout est confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous ! Soyons des gardiens des dons de Dieu ! Et là, Joseph nous apprend énormément ! Car, quand l’homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et de nos frères, alors la destruction trouve une place et le cœur s’endurcit. A chaque époque de l’histoire, malheureusement, il y a des « Hérode » qui trament des chemins de mort, qui détruisent et défigurent le visage de l’être humain, de l’humanité…

Oui, avec Joseph comme saint patron, nous sommes le gardien de la création, le gardien du dessein de bonheur pour tous du Seigneur, gardiens de nos frères ! Veilleurs contre les signes de destruction et de mort qui sans cesse menace notre humanité et son environnement.
Mais pour garder, nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! La haine, le désir de vengeance, l’envie ou l’orgueil souillent la vie ! Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes ou mauvaises : celles qui détruisent et celles qui construisent !

Saint Joseph comme patron des religieux, certes, mais de toute vie spirituelle, vie de prière que chaque personne devrait vivre !
Cela demande de développer en nous une vie intense de prière, pour vivre le partage : St Joseph, patron du Carême, St Joseph, patron du silence. Car comment aimer en vérité si on ne sait pas écouter son cœur, écouter l’autre, le laisser exister… Quand Jésus répond au scribe qui a demandé « quel est le premier des commandements ? », Jésus ne lui dit pas d’abord « aime » mais… « écoute » ! « Ecoute Israël ».
Le plus beau des services, c’est servir le Christ dans la prière afin de servir nos frères concrètement, par des actes d’amour et de fraternité. Prière et action sont totalement unies. Joseph ne dit rien mais il agit !

Joseph, lui le silencieux de l’Evangile, nous apprend avant tout l’intériorité. Lui le serviteur de l’unique Christ, il nous apprend à écouter le Christ présent dans chaque cœur, et au plus intime de nous-mêmes !

Alors, laissons le Christ, lui la Parole incarnée, confié à Joseph, serviteur de l’unique sauveur, avoir le dernier mot… ceux qu’il nous a appris pour prier ! Joseph est le père nourricier, mais comme Jésus, il nous invite à prier le Père Eternel ! Redisons donc, sous l’intercession de Joseph, au service de l’unique Christ…

Notre Père, qui est aux cieux…. Amen.

Père Franz

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